Dimanche 28 avril, à Briouze, en France (Département de l’Orne), la messe dominicale revêtait un caractère inhabituel : dans l’assemblée vivante et nombreuse, se trouvaient une dizaine d’anciennes Sœurs de Notre-Dame -Congrégation fondée dans cette ville- et plusieurs Filles du Saint-Esprit, dont Philo Ac’h, la provinciale de France.
Invitées par le curé de la paroisse, P. Michel Renault, et le vicaire général du diocèse, P. Philippe Pottier, nous nous sommes jointes à la communauté paroissiale pour célébrer deux événements :
– Le transfert, dans cette église, d’une plaque qui était fixée au fond de la chapelle de la communauté Notre-Dame.
– Et, avec un mois d’avance, le trentième anniversaire de la fusion des Sœurs de Notre-Dame de Briouze avec les Filles du Saint-Esprit de Saint-Brieuc.
– Cette plaque est garde-mémoire de la pose de la première pierre de la Communauté Notre-Dame, le 8 septembre 1852, par l’Evêque d’alors, en présence des prêtres du doyenné de Briouze, en présence aussi de Mère Julie Olivier, première supérieure générale, et de toutes les sœurs de Notre-Dame de l’époque.
Cependant, 1852 n’est pas la date de fondation de la Congrégation. Celle-ci est née pendant la Révolution Française, en 1793, du courage de 4 jeunes filles de différentes paroisses des environs de Briouze. Leurs curés, obligés de se cacher, les avaient sollicitées pour maintenir vivante la foi de leur paroisse. A la sortie de la Révolution, la paix revenue, le petit groupe a commencé à s’initier à la vie religieuse et, à la demande du curé, s’installent à Briouze en 1834 ; les lieux sont vite devenus trop petits. La plaque nous informe que, 18 ans après, les sœurs ont commencé à construire le bâtiment et la chapelle actuels.
Majoritairement enseignantes et soignantes ou investies dans la pastorale, les sœurs tenaient des écoles primaires et maternelles avec leur cantine et des centres de soin dans les bourgs ruraux environnants. A Briouze même, il y avait un Collège, une Ecole Ménagère, une Ecole primaire et une Maternelle, une petite Pension de famille pour personnes âgées seules ; des sœurs allaient faire des soins à domicile. L’esprit impulsé par Charlotte Delaunay, fondatrice avec ses compagnes, est resté vivant dans les communautés de la Congrégation immergées dans des bourgs ruraux : « Les enfants des campagnes sont pauvres, et personne ne se propose pour leur apprendre à connaître Dieu et leurs devoirs. Nous nous devons à ces petits enfants et le but de notre institut (puis de la Congrégation ensuite) sera l’instruction des humbles. » Au début du vingtième siècle, a été créée une communauté au sud de l’Angleterre et dans les années 1970, une autre au Burkina Faso. Malheureusement, comme pour beaucoup de Congrégations, du fait de l’évolution de la société, après mai 68, le nombre des vocations religieuses a commencé à beaucoup baisser.
– En 1990, pour garder leur dynamisme missionnaire le plus longtemps possible, les Sœurs de Notre-Dame ont frappé à la porte des Filles du Saint-Esprit. Et, il y a 30 ans, à Briouze, le lundi de Pentecôte 23 mai 1994, après un cheminement de 3 ans de part et d’autre, a été célébrée la fusion entre les deux Congrégations : celle des Sœurs de Notre-Dame et celle des Filles du Saint-Esprit.
Nous avons été très heureuses de célébrer ces deux événements avec la communauté paroissiale de Briouze, dans la simplicité et la joie des retrouvailles de personnes avec qui nous avons collaboré. Une plaquette Les Sœurs de Notre-Dame de Briouze, écrite par des membres des Amis du Houlme en 2014, a fait l’objet d’une réédition pour garder mémoire de la présence des Sœurs de Notre-Dame pendant près de deux siècles.
A la fin de la Messe, un pot de l’amitié a permis à beaucoup de pouvoir échanger et de se rappeler de bons souvenirs. Pour les sœurs présentes, ainsi que pour Michel et Philippe, nos deux célébrants amis, tout s’est terminé autour d’un repas convivial simple mais si chaleureux ! Les anciennes Sœurs de Notre-Dame qui n’ont pu venir, pour raison de distance ou de santé, ont été très présentes à notre pensée et à notre prière.
Françoise LELIEVRE et Anne-Marie FOUCHER, FSE. Publié le 1er mai 2024