Peu de temps après la fin du Synode des évêques à Rome le 24 octobre 2024, s’est tenue, à l’Ile Blanche -en Bretagne, France-, une rencontre [1] sur le thème de la Synodalité. Guidée par le P. Charles Delhez [2], Jésuite belge, journaliste, sociologue et curé de paroisse, la rencontre se voulait délibérément dialogale. Elle a regroupé une quarantaine de chrétiens, venus des différents diocèses bretons.
Au cours de la première journée ont alterné apports du P. Delhez [3], parole de témoins engagés diversement en Eglise et partages en groupes. Belle occasion de mettre en pratique, dans l’esprit-même du Synode, une attitude de conversation spirituelle vécue dans la confiance et sous le regard du Christ : écouter les autres sans intervenir, recevoir leur parole, la faire sienne ; puis exprimer telle ou telle expression qui a résonné plus fortement ; enfin, collectivement, discerner, faire émerger une parole commune, un consensus qui ouvre un chemin…
La seconde journée a porté sur l’accueil du Synode par les mouvements d’Eglise. La parole de Marie-Christine Rozier, membre de l’équipe animatrice du Collectif Promesses d’Eglise, a permis de sentir combien les mouvements sont désireux d’avancer dans la dynamique du Synode. Promesses d’Eglise regroupe 45 mouvements ou organisations catholiques, d’enfants et d’adultes, tournés vers l’action et/ou la vie spirituelle. Leur objectif commun est de relever le défi de la transformation ecclésiale souhaitée par beaucoup, notamment de promouvoir une réelle parité entre laïcs et ministres ordonnés, entre hommes et femmes… Des témoins de plusieurs de ces mouvements ont dit comment, localement, ces transformations cherchent à se vivre.
Après une relecture des 2 journées et l’expression de projets pour aujourd’hui et pour demain, l’Eucharistie a rassemblé une dernière fois les participants et les a envoyés préparer le chemin du Seigneur sur le terrain de leur mission quotidienne.
Au final, un constat : Pour les participants à la rencontre, la réception du Document final du Synode sur la Synodalité est un chemin sur lequel l’Eglise doit s’engager résolument. Même si ce n’est pas un chemin facile. Les échanges du week-end ont fait apparaître la délicate et douloureuse articulation, parfois, entre la participation des laïcs aux transformations nécessaires et la conduite de l’Eglise par ceux qui y exercent le service d’autorité. Il est arrivé que des dynamiques engagées aient été stoppées. Tout cela ne va pas sans souffrances mutuelles.
Chacun s’est senti appelé à grandir dans la confiance, l’espérance et la patience, sûr que l’Esprit-Saint est à l’œuvre et que la force du torrent ouvert par le Synode lui fraiera un chemin dans le cœur des croyants.
1 Rencontre organisée, les 30 novembre et 1er décembre 2024, par des membres de la Commission d’Animation de l’Ile Blanche
2 Le P. Charles Dehlez analyse les avancées et les recherches de notre Eglise dans le monde de ce temps. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Eglise catholique : renaître ou disparaître. 2022 Editions Jésuites
3 Thèmes de ses apports : 1. Invitation à l’Eglise à adopter de nouvelles postures dans ses relations à la société et à elle-même ; 2. La synodalité : nouveau visage et nouvelle culture de l’Eglise, cf Document Final du Synode
Le Document final du Synode …
Le Document final, ratifié par le Pape François [4], engage l’Eglise dans une véritable transformation de ses pratiques, pour développer une approche plus collective et donner à sa structure hiérarchique son vrai rôle : harmoniser et préserver l’unité qui permet de grandir ensemble.
Le Document appelle à 3 conversions : la conversion des relations, des processus et des liens. Chaque Eglise diocésaine, chaque communauté, chaque mouvement ou institution, est invité à lire ce Document final du Synode et à le faire sien, puis à discerner comment le mettre en œuvre dans sa propre réalité.
Sans doute, à ceux qui attendaient des propositions dogmatiques ou de grandes transformations, le document peut-il apparaitre théologiquement faible… Mais ce serait s’aveugler lourdement que de ne pas voir qu’il ouvre la porte à une transformation profonde des pratiques de l’Eglise… dès lors que celle-ci s’en saisit.
Dix groupes de travail ont été créés dans la suite du Synode ; ils formuleront des propositions dans les années qui viennent. Mais le plus important est sa réception, dès maintenant, partout et progressivement.
Ce week-end aura été tout à la fois un point d’étape qui a fait se rencontrer des acteurs engagés dans l’Eglise, et une oasis qui a abreuvé la recherche de chrétiens passionnés. Merci aux différents organisateurs et animateurs, sans oublier les musiciens ! Il revient à présent à chacune et chacun d’entrer dans cette démarche de conversion et de partager ses découvertes là où l’envoie l’Esprit de Jésus ressuscité. C’est Lui qui travaille le cœur des membres de l’Eglise pour qu’ils deviennent toujours davantage Pèlerins d’espérance, comme nous y invite l’Année Jubilaire qui s’ouvrira à Noël.
Patrick Salaün (Mission de France) et Sr Anne-Marie Foucher (FSE)
Publié le 11 décembre 2024
4 Le Pape François a décidé de ne pas rédiger l’Exhortation qui, jusqu’à présent, suivait la fin de tout Synode. Le document final tient lieu de magistère pontifical, a-t-il dit. Invitation à l’étudier et à le mettre en œuvre.